De Zola, auteur des Rougon-Macquart, chef de file du naturalisme et défenseur acharné de Dreyfus, on croyait tout connaître. Mais sait-on qu'en marge de son grand œuvre, il s'adonna, sa vie durant, à l'écriture de récits brefs, dont certains sont d'une fantaisie débridée ? Cette édition des Nouvelles en deux volumes propose un choix très représentatif des nouvelles parues dans ses différents recueils, présentées dans l'ordre chronologique (1er volume : 1864-1874 ; 2e volume : 1875-1898).
En 1875, Zola est déjà un romancier de renom ; mais l'auteur de Thérèse Raquin et des Rougon-Macquart n'en demeure pas moins fidèle au genre de la nouvelle qui a marqué ses débuts. Dans la revue Le Messager de l'Europe, où paraissent les articles qui l'imposent comme maître du naturalisme, il donne de longues nouvelles, plus amples que celles des années 1864-1874, et dont la manière est proche de celle d'un Maupassant.
Que Zola emprunte ses sujets à l'histoire, comme dans L'Attaque du moulin, qui narre un épisode de la guerre de 1870 et fut publiée en tête du recueil naturaliste des Soirées de Médan, ou qu'il s'attache à des récits plus intimes – dans la plus célèbre de ses nouvelles, La Mort d'Olivier Becaille, un homme mort raconte son propre enterrement –, ces nouvelles sont autant de « tranches de vie ». De tonalité tantôt grivoise (dans Les Coquillages de M. Chabre, un couple remédie à la stérilité en pratiquant… l'adultère), tantôt fantastique (Angeline, son ultime nouvelle, retrace l'histoire d'une maison hantée), ces récits séduisent par leur ironie souriante et donnent à découvrir une facette méconnue de l'œuvre zolienne.